(Léa Nahon par (c) Anthony Dubois - Le Mondial du Tatouage 2016)
Si la France comptait à peine une vingtaine de tatoueurs au milieu des années 1980, ce nombre a ensuite explosé : Tatouage Magazine recensait plus de 300 studios dans son premier numéro en 1997... En 2024, bien que les statistiques sur la profession soient inexistantes, au moins 15 000 professionnels exerceraient le tatouage comme activité principale, peut-être beaucoup plus : Malgré l'obligation de déclaration individuelle d'activité depuis 2008, les données chiffrées restent localisées aux ARS (Agence Régionale de Santé), d'où la difficulté de disposer de chiffres plus précise sur l'Hexagone.
L'estimation de 15 à 20 000 professionnels, fondée notamment sur les données des principaux distributeurs français, reste aléatoire.
La certitude toutefois, c'est que le chiffre ne cesse d'augmenter. Si la crise sanitaire de 2020 a eu de lourdes conséquences sur les activités de tatouage du moment, la concurrence exponentielle et l'impact implacable des réseaux sociaux dans les années suivantes a désormais formé un marché saturé, où les "anciens" tatoueurs peinent à achever dignement une carrière, et où les professionnels les plus en difficulté sont ceux en place depuis le plus longtemps. Quant aux derniers installés, la perspective d'une activité lucrative est dépassée.
À défaut d'être reconnu comme un artiste, le tatoueur reste un prestataire de services.
L'administration peine parfois à appréhender clairement les activités de tatouage : De l'URSSAF au Centre des Impôts en passant par la Sécurité Sociale des Indépendants - pour ne citer qu'eux - les démarches peuvent se révéler laborieuses.
Théoriquement enregistré en tant que profession libérale, un tatoueur peut se voir affublé d'un statut "hybride" l'amenant à se voir réclamer des cotisations "artisan"... Un vrai casse-tête dont les modalités peuvent varier d'une région à l'autre, et d'un organisme à l'autre.
Certains parviennent exceptionnellement à s'affilier au régime social des artistes-auteurs au prix d'une démarche fiscale et comptable complexe et rigoureuse : Le SNAT souhaite l'admission potentielle à la SSAA (Sécurité Sociale des Artistes-Auteurs, historiquement la Maison des Artistes) pour les tatoueurs dont le travail relève d'une démarche artistique, reconnue comme telle par le public et les médias.
Dans l'attente d'une évolution sur cette question, le flou statutaire du tatoueur permet paradoxalement une certaine liberté administrative aux professionnels, qui doivent toutefois faire preuve d'une grande souplesse avec la paperasse : Le recours aux services d'un expert comptable n'est alors pas un luxe inutile !
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Tatoueur indépendant & "Guest"
Les modes d'exercice se sont diversifiés : Si le plus souvent un artiste tatoueur gère son activité en tant que travailleur indépendant, pouvant alors exercer seul ou en collaboration avec d'autres professionnels, il arrive qu'il développe une structure accueillant des tatoueurs salariés et/ou indépendants.
Historiquement, l'indépendance est un trait commun aux tatoueurs. L'échange et les voyages constituent souvent leur métier au quotidien.
Qu'il exerce sous la forme du micro-entrepreneur (anciennement "auto-entrepreneur"), d'une entreprise individuelle ou encore d'une EURL ou d'une SASU, le tatoueur indépendant présente les caractéristiques suivantes :
Lorsqu'il travaille dans un autre studio que le sien, il est accueilli en "guest" et assimilé à un "collaborateur" occasionnel ou régulier : Pour les professionnels souhaitant formaliser un contrat de collaboration, le SNAT met à disposition de ses adhérents un modèle de CEG (Convention d'Exercice Groupé).
Ce contrat-type repose sur 2 principes fondamentaux d'indépendance :
"Autres services personnels"
ou le code INSEE fourre-tout
Lors de sa 1ère déclaration d'activité à l'URSSAF, un tatoueur se voit automatiquement attribuer par l'INSEE le code d'Activité Principale Exercée (APE) 96.09Z, fourre-tout englobant notamment astrologues et spirites, services aux animaux et "activités des studios de tatouage et de perçage corporel"... Sous le titre aussi peu évocateur de "Autres services personnels n.c.a." (= non classés ailleurs !).
Il est important de rappeler que le code APE est une donnée exclusivement statistique : Il n'a aucune valeur légale pour les règles administratives applicables à une activité spécifique.
Référencé par la Nomenclature d'Activités Française (NAF), conforme à la Nomenclature des Activités économiques dans la Communauté Européenne (NACE), il représente toutefois un élément d'appréciation pour certaines administrations ou organismes privés, et peut aboutir à certaines situations cocasses...
On vous laisse deviner comment un comptable en arrive à appliquer à des tatoueurs salariés la Convention collective des... Fleuristes !
Création artistique relevant des arts plastiques
A l'instar des rares professionnels répertoriés sous le code APE 90.03A, les tatoueurs justifiant d'une activité à vocation artistique devraient pouvoir s'insérer par défaut sous cette nomenclature regroupant les "activités exercées par des artistes indépendants tels que sculpteurs, peintres, dessinateurs-caricaturistes, etc."
Modifier son code APE ?
Si vous estimez que le code APE qui vous a été attribué par l'INSEE ne correspond pas à votre activité principale, vous pouvez demander à le faire rectifier par courrier électronique ou postal.
Protection du droit d'auteur
Paradoxe du droit français, si un tatouage créatif ne peut être reconnu par le Fisc comme une "oeuvre d'art", il est en revanche protégé par le Code de la Propriété Intellectuelle, comme l'ont confirmé les tribunaux à plusieurs reprises.
Un tatoueur est donc légalement en mesure de faire valoir ses droits d'auteur pour toute représentation ou usage non autorisé qui pourrait être fait d'un tatouage de sa création.
La personne tatouée ne peut, du seul fait de porter le tatouage sur son corps, l’exploiter sans l’autorisation du tatoueur/auteur.
Pourquoi certains tatoueurs se revendiquent-ils comme des artistes ?
L'artiste-auteur...
Tatoueur salarié ?
Un tatoueur, débutant ou expérimenté, soumis à des horaires, des fonctions ou des contraintes spécifiques ne peut être qualifié de collaborateur indépendant : Il est alors salarié.
Aucune convention collective ne s'applique aux activités de tatouage, qui dépendent directement du Code du travail.
Les studios de tatouage étant généralement référencés sous le code APE 9609Z ("autres services personnels non classés ailleurs"), seuls les "services pour animaux de compagnie : hébergement, soins et dressage" renvoient vers une convention collective, celle des "Fleuristes, vente et services des animaux familiers"... Il arrive donc exceptionnellement que cette CCN soit appliquée à des salariés de studio de tatouage, mais il est plus cohérent de se référer aux règles générales du Code du travail.
NB. Le salariat n'est pas incompatible avec l'exercice d'une activité artistique !
Simulateur de coût d'embauche
Estimez le coût pour l'entreprise d'un salaire net ou brut dans le cadre d'un CDI ou d'un CDD à temps plein ou à temps partiel
À savoir !
Tout conjoint de tatoueur ou de gérant de studio peut bénéficier du statut de conjoint collaborateur, s'il exerce régulièrement auprès de son conjoint sans percevoir de rémunération et sans avoir la qualité d'associé.
Autour du tatouage...
Le plus souvent indépendant, plus rarement salarié, le tatoueur est parfois chef d'entreprise, avec une structure accueillant plusieurs tatoueurs, permanents, réguliers ou occasionnels.
Bien des professionnels gravitent dans le monde du tatouage : Gérants de studio, managers, organisateurs de convention, distributeurs de produits et/ou de matériels, "builders" (fabricants de machines à tatouer), fabricants d'encres...
Beaucoup cumulent une ou plusieurs activités avec leur métier de tatoueur, mais tous ne sont pas forcément tatoueurs eux-mêmes.
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